Dans un monde qui change , refaire du lien social
« Tout change, une seule chose ne change pas : le changement » Confucius, déjà, au VI° siècle avant Jésus Christ. Dans notre société actuelle, qui change rapidement, nos liens, locaux ou sociaux, changent aussi. Ce qui introduit des mouvements sociaux divers, et souvent anxiogènes pour les plus faibles. Alors , comprendre pour agir.
En reprenant cette proposition* de René Dubos ( agronome français, 1972) et adoptée par le Sommet de la terre, à Rio, en 1992, refaire quelle société ?
- changements physiques préoccupants : climat, sécheresse, déficit en eau , pollution de l’air, disparition des abeilles et de la diversité biologique, rues piétonnières, déforestation, pistes cyclables, végétalisation d’espace dans les villes , recyclage des eaux usées , réchauffement des océans (GIEC) , événements météo extrêmes …
- changements techniques ambivalents : téléphone portable, internet, vélos électriques, VTC, crypto-monnaies (bitcoin, ether, libra), moteurs de recherche, mini ordinateurs économes en énergie, enceintes connectées, messagerie instantanée, voitures électriques, bus à hydrogène , énergies renouvelables, agriculture biologique …
- changements économiques et sociaux ambigus : pouvoir d’achat , baisse des impôts, montant des retraites, consommation bio : moins de viande , déplacements et coût des carburants , auto entrepreneurs, Ubérisation des livraisons, lycée et réforme du bac, programmes scolaires, accueil des migrants , CDD très courts …
et puissance des géants du numérique, prééminence de la finance, croissance des mini-jobs, diminution du poids des syndicats, importance de la vie associative, développement des réseaux sociaux, changement dans les pratiques religieuses, croissance de la violence verbale, mobilisations locales ou ONU pour le climat …
- des changements politiques : Union européenne et Brexit, tensions entre les GAFA et les Etats, intercommunalité, rapport de forces des partis, Gilets jaunes , black bloc … 49% des maires ne voulant pas se représenter, fiscalité locale, grands débats sur les réformes ….
et juridiques : ex loi sur la bio éthique ; loi sur les retraites, loi 80 kms/h, indemnisation du chômage, accueil des migrants (AME), loi sur la flexibilité de l’emploi…
- Nous-mêmes, nous changeons dans notre façon d’être humain
Nous sommes quotidiennement au cœur de ces situations et mouvements qui donnent parfois le tournis et qui révèlent des inégalités croissantes, inquiétantes .
- changements de comportements : robots ménagers divers, micro travail à partir de chez soi, vie conjugale, instabilité des couples, , divorce, PACS, PMA, covoiturage, cohabitation … organisation des vacances, orientations des enfants, courses au super marché ou à l’AMAP, calcul de la fin de mois , gaspillages…
- achats par les réseaux sociaux, précarisation, vie associative de quartier , rencontres religieuses
- contact des administrations ou grands services par réseau mail : tapez 1, tapez 2…
- changements de mentalité
Prise de conscience que toute cette ‘’modernité’’ (du collectif à l’autonomie individuelle) nous conduit dans le mur, si… tout continue de cette manière.
Des sentiments de contraintes et des insécurités - pas toujours corroborés par les faits - bousculent notre façon d’être ‘’humain’’ ; nos exigences de justice et d’immédiateté :
le changement insécurise… et nous avons le sentiment de passer d’une société sûre à une situation d’insécurité sociale, pour notre avenir et celui de nos descendants. La crainte nourrit la violence plutôt que la coopération et la responsabilité, appel à la bienveillance ...
les plus défavorisés, dans les territoires ou dans les groupes sociaux ( nous ou autour de nous) sont marginalisés et en situation de précarité. La perte de confiance en soi accompagne la perte de confiance dans les autres et dans les institutions ( Etat, Ecole, Eglises…).
La sécurité que nous attendons des pouvoirs publics entre en conflit avec la liberté personnelle sur les données personnelles qui nous concernent ; ce qui nourrit la défiance envers les institutions (Etat, école, églises…).
Ces valeurs, liberté, sécurité, respect, confiance, justice, bienveillance, responsabilité, coopération, etc.. sont à refonder par des liens renouvelés.
- Faire des liens pour faire société ?
Le ‘’lien social ‘’ c’est l'ensemble de nos appartenances, des relations personnelles ou institutionnelles qui nous unissent soit à d’autres personnes , soit à des groupes sociaux. « Le lien social représente la force qui lie entre eux les membres d’une famille, d'une communauté sociale, d'une association, d'un milieu social. » dictionnaire.
Regarder le positif - Dans les contextes ci-dessus s’exercent une multitude de gestes de solidarités individuelles et collectives. Des initiatives voient le jour. Elles dessinent un avenir possible et plus humain. Il nous faut déjà les repérer, les partager, les communiquer, les relier, localement.
Vouloir résister globalement contre ‘’le tout possible tout de suite’’. Résister, c’est développer son esprit critique sur la toute puissance de la technique pour apporte le bonheur…
Agir dans la vie institutionnelle et aussi dans la vie locale, associative, ecclésiale… avec plus de: confiance, solidarité, initiative, responsabilité, confiance en soi et dans l’autre.. Ce qui commence par la rencontre, le dialogue, la confrontation des idées et des positions ; courage de vivre aujourd’hui.
Proposer une perspective spirituelle, que des croyants partagent
- "Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, …….- sont - celles des disciples du Christ" (Gaudium et spes – Vatican II). Le Christ a pris ce chemin de la proximité dans sa vie et son enseignement ; il nous invite à le suivre, dans cette voie de la rencontre et du partage.
- ‘’ Servir les besoins profonds de l’homme’’ est une façon de vivre l’amour
« En ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples si vous vous aimez les uns les autres » (Jean 13.35), Les chrétiens ne peuvent pas former de souhait plus vif que celui de rendre service aux hommes de leur temps, avec une générosité toujours plus grande et plus efficace. Aussi, dociles à l’Evangile et bénéficiant de sa force, unis à tous ceux qui aiment et pratiquent la justice, ils ont à accomplir sur cette terre une tâche immense…» Gaudium spes 93.1
- « L’humanité sauvée, c’est une humanité réconciliée et cette réconciliation se fait dès maintenant quand nous travaillons à l’humanisation de l’homme. Quand nous travaillons à l’humanisation de l’homme, nous travaillons au salut de l’humanité. » Joseph Moingt, théologien. Antenne sociale , commission faits de société
Etienne FAUVET, octobre 2019
Une rentrée 2019 contrastée
C’est une rentrée contrastée : apaisée là où on attendait des blocages, difficile et même franchement douloureuse dans d’autres secteurs, le premier degré ou les étudiants. Ce regard est évidemment partiel et demandera à être complété, voire corrigé, dans les mois qui viennent.
Un des principaux enjeux, c’était la mise en place du nouveau bac, commandant la réforme du lycée... Effectivement, sous cet angle, les heurts et les blocages redoutés ne se sont pas produits...
Les mauvaises nouvelles sont arrivées d’ailleurs : le suicide d’une directrice d’école à Pantin le 21 Septembre a jeté une lumière crue sur la situation du premier degré et de ses acteurs, la tentative de s’immoler par le feu d’un étudiant devant le CROUS de Lyon le 8 novembre révèle la précarité de la vie des étudiants.
La mise en place du nouveau bac et du lycée qui le prépare demande du temps, des changements de mentalités... La crise du monde étudiant est, comme toujours, le signe d’un malaise de la société et des interrogations existentielles sur son avenir...
Ces indications sont bien trop sommaires et ne donnent qu’une impression générale. Les semaines qui viennent la confirmeront ou la contrediront.
Pour une analyse plus claire et plus approfondie merci de vous rendre sur le document joint: 191128__Rentr_e_2019_Blandin
Du covoiturage pratique au lien social
Il y a douze ans, une jeune ingénieure grenobloise a pris conscience que 15% de son salaire passait chaque mois en frais de trajets domicile/travail. Elle a donc créé une société de covoiturage La Roue Verte.
Le covoiturage est défini comme l’utilisation en commun d’un véhicule par un conducteur et un ou plusieurs passagers. Le principe est de pouvoir mettre en relation les personnes qui réalisent les mêmes trajets aux mêmes horaires.
Cette pratique nécessite :
- Des relais d’influence pour toucher le bon public : les salariés, les étudiants, les employeurs, les universités, les pouvoirs publics,
- Un outil de mise en relation efficace,
- Une incitation solide et régulière basée sur une large communication et des avantages concrets (financier, place de stationnement, garantie pour l’aller et le retour, etc.).
Quels enjeux et pour qui ?
Pour les collectivités et les pouvoirs publics :
- Désenclavement d’un territoire peu ou mal desservi par les transports en commun,
- Moins de pollution et amélioration de la qualité de l’air,
- Moins de circulation et de stationnements, avec image environnementale positive.
Pour les co-voitureurs :
- Accès facilité à l’emploi,
- Economies financières, convivialité, éco-responsabilité,
- Accès à des places de stationnement et à des voies réservées, le cas échéant.
Pour les entreprises et les universités :
- Possibilité d’accès à l’emploi de certains salariés non véhiculés sur sites excentrés et mal desservis, et facilitation d’un éventuel Plan de mobilité
- Accroissement du lien social entre les salariés,
- Diminution des places de stationnement nécessaires et des coûts engendrés,
- Image éco-responsable auprès des fournisseurs, clients et grand public.
Pourquoi faut-il encourager le covoiturage ‘courte distance’ ?
- Le covoiturage permet aux utilisateurs d’optimiser leurs déplacements tout en respectant leurs contraintes et en préservant leurs habitudes,
- Là où les dessertes en transports en commun sont insuffisantes ou inexistantes (40% des Français habitent des zones sans transports collectifs), le covoiturage permet de réduire les déplacements ‘autosolistes’ et les conséquences négatives de l’augmentation du prix de l’essence.
Depuis six mois, cette ingénieure très inventive, qui gére sa société de façon très participative et consulte systématiquement son personnel pour les orientations, a beaucoup amélioré le concept initial en créant ILLICOV.
Il s’agit d’un service de covoiturage inclusif, qui se veut accessible à tous sur un principe de tarification libre, ce qui parait incroyable au premier abord ! :
- L’inscription à Illicov est gratuite,
- Il n’y a aucun achat de billet à faire,
- Illicov indemnise le conducteur pour chaque passager transporté,
Concrètement, sur la ligne Vercors/Grenoble (23km), les conducteurs sont indemnisés 1€ par passager et peuvent toucher des ‘boni’ lorsqu’ils réalisent des actions en faveur de la garantie de temps d’attente pour les passagers. Ainsi, certains chauffeurs ont une cagnotte qui dépasse cent euros par mois.
En fin de mois, les passagers reçoivent leur historique d’utilisation et des indications de prix. Ils sont alors libres de payer en ligne la somme qu’ils jugent adaptée à leur expérience et à leurs moyens.
Deux surprises encourageantes :
- Les temps d’attente annoncés étaient de 15 minutes. Ils sont en fait sous les 3 minutes sur la ligne Vercors, la société s’engageant à fournir un taxi gratuit si nécessaire.
- Le chiffre d’affaires de la société a été plus important avec le paiement mis en place, après un essai avec la billettique. On constate que les personnes transportées payent de 5 à 15 centimes par kilomètre, selon leurs moyens.
A ce jour, ce modèle fonctionne sur une ligne en Isère et une autre entre Annecy et Genève, mais il est prévu d’étendre rapidement ce service sur cinq axes et rien ne s’opposerait à ce qu’il couvre la France entière, les collectivités locales pouvant ainsi supprimer des milliers de lignes de bus non rentables…
Parmi les effets induits du covoiturage sur les familles, les entreprises et les associations, le plus important est sans doute qu’il crée et fait progresser le lien social, paramètre bien supérieur aux avantages financiers.
Pierre JACQUIER, Faits de société, 21 novembre 2019
Fractures 9 octobre: Fil rouge par Richard MARION, sociologue
Richard MARION, sociologue, a suivi les échanges, et papillonné d'atelier en atelier pour nous restituer quelques idées qui ressortent de la soirée.
Vous pouvez facilement retrouver l'ensemble de nos enregistrements audio en suivant le lien suivant vers Audiomack: https://audiomack.com/artist/antenne-sociale-de-lyon
Soirée du 9 octobre: exposé de André GACHET, conseiller de la Métropole
André GACHET, conseiller aux fragilités la Métropole de Lyon, exprime de quelle façon la Métropole, notamment depuis qu'elle a repris les compétences départementales, porte le souci des fractures sociales. Une politique nouvelle pour elle, où tout est toujours à réinventer. Ses premiers mots viennent démontrer à quel point les choix faits au nom de la discrimination positive dite de Politique de la Ville peuvent desservir par exemple les plus pauvres des quartiers en voie de gentrification. Cela incite à une grande prudence et humilité dans les choix.
Soirée du 9 octobre 2019 - M.Millet, Présidente de l'UD CCAS 69
En première partie de notre soirée consacrée à l'identification des fractures sociales et aux moyens de recréer du lien, Marylène MILLET, présidente de l'Union Départementale des Comités Communaux d'Action Sociale du Rhône, apporte son éclairage d'observatrice institutionnelle.
FRACTURES SPATIALES ET SOCIALES DANS LA METROPOLE LYONNAISE, par Madame PLASSE-BOUTEYRE, sociologue
Pr_sentation_Mme_Plasse_Bouteyre
En résumé :
Lyon, comme les autres grandes métropoles européennes est constituée de populations très diverses, distribuées inégalement , avec des fractures sociales et spatiales flagrantes. Les populations aisées choisissent leur lieu d'habitation qui sont principalement les centres rénovés gentrifiés et les banlieues pavillonnaires proches. Les catégories plus modestes peuvent être exclues de ces quartiers, et reléguées dans l'ancien dégradé, dans les grands ensembles construits après guerre, ou dans les secteurs périurbains éloignés (30Km). Ces secteurs cumulent des handicaps sociaux : chômage, accès aux soins, faible mobilité, faible qualification et parcours d'insertion erratiques. La discrimination est économique par le coût de l'immobilier, mais aussi celui du transport. Elle est aussi psychologique car ces quartiers sont négativement connotés, ce qui provoque une discrimination ethno-spatiale et une stratégie d'évitement résidentiel: chaque groupe s'évertue à fuir un groupe immédiatement inférieur.
Malgré le dynamisme de la Métropole et de l'action publique, les inégalités restent marquées, avec des territoires à l'ouest plus favorisés par un habitat peu dense favorisant l'entre-soi, et des territoires à l'est et au sud plus modestes, faits de grands ensembles enclavés et touchés par la précarité. Ces contrastes ont une cause largement historique liée aux implantations industrielles, puis à la construction de grands ensembles HLM dans les années 60-70.Dans la commune de Lyon, la mixité sociale est bien présente à l'exception du 9ème, en lien avec une forte concentration de logements sociaux. L'embourgeoisement des 2ème et 6ème s'est renforcé, et la gentrification des 1er et 4ème se diffuse au 3ème et dans certains quartiers du 7ème arrondissement.
Les populations des Quartiers Politique de la Ville ont des revenus faibles, beaucoup d'enfants et de jeunes en familles monoparentales, et des personnes seules, souvent âgées. Les taux de pauvreté y sont deux fois plus importants que la moyenne métropolitaine. le chômage y reste élevé, malgré un dynamisme économique flagrand dans certains quartiers comme Vaulx, Vénissieux, la Duchère ou Rillieux. Les populations immigrées sont également surreprésentées. Ce sont des quartiers d'ouvriers et employés, faiblement diplômés, et moins mobiles que la moyenne, d'où une politique métropolitaine forte pour les équiper en Transports en commun.
Les actions politiques ont eu un impact positif certain pour certains quartiers comme Duchère-Plateau, Rillieux-Semailles, Vaulx-l'Herpe, Saint-Priest-Bellevue, Verdun-Suchet à Lyon, ou Saint-Clair et Montessuy à Caluire. Mais la situation se fragilise pour la Sauvegarde, Les Minguettes, Cuire le bas, Saint-Fons-centre, Alagnier nord à Rillieux, ou même à Parilly et Bron-Terraillon, Les Vernes à Givors, Grappinière, Buers-est, Arsenal sud à Saint-Fons, Mermoz-Trinité et Langlet-Santy à Lyon 8ème.
Plaidoyer pour la Responsabilité
« Quand l’État de droit détruit ses citoyens en leur donnant un sentiment de chosification, il se porte atteinte à lui-même car ces sujets, anéantis, réduits au Moi minimal, deviennent étrangers au sentiment d’engagement dans la sphère publique, ou traduisent politiquement leur ressentiment par des votes extrémistes » (Cynthia Fleury in « Le soin est un humanisme »).
Cette citation traduit parfaitement le thème que je vais développer dans ces quelques lignes.
La prégnance technocratique de notre État, son immixtion pointilleuse à travers le découpage des aides publiques innombrables qu’il attribue aux plus démunis chosifie bien les ayants droits en évaluant et gérant lui-même leurs besoins :
- aide au logement
- aide à la formation
- aide aux transports
- prime d’activité
- prime de Noël
- prime de rentrée
Ainsi travail, logement, loisirs, transports, évènements etc… font l’objet chacun d’aides aussi variées que multiples. En soi ces aides prises une à une n’ont rien de critiquable et participent à la solidarité nationale.
Cependant en découpant en fines rondelles le maquis des aides possibles l’État nuit à lui-même comme il nuit aux citoyens qu’il prétend aider.
Il nuit aux citoyens d’au moins 2 façons :
1/ Les décortiquer une à une pour savoir si on y a droit prend un temps considérable aux citoyens qui pourraient ou pensent être concernés. Ce travail, ces démarches ne sont pas accessibles aux personnes parlant mal notre langue ou d’un niveau scolaire insuffisant ou isolées ou ne maîtrisant pas l’informatique. Il faut avoir le bac pour remplir correctement les formulaires d’inquisition administrative nécessaires et/ou se faire comprendre par l’administration, avoir quelques moyens pour se déplacer et/ou avoir les outils de télécommunication nécessaires.
La conséquence c’est que les plus démunis le restent et que les moins démunis savent les obtenir.
Ne serait-ce pas là une cause de la grande pauvreté malgré la masse des aides distribuées?
2/ S’occuper d’avoir droit à ces aide non seulement prend du temps mais chosifie le citoyen par une analyse détaillée de ses besoins. En quoi cela le responsabilise-t-il que l’État se mêle de si près de ses besoins pour les palier un à un ? Quel arbitrage est-il laissé à chacun sur l’affectation de la globalité des aides qu’il reçoit ? Il est infantilisé, rendu prisonnier de la situation qui lui a permis d’obtenir ces aides. En quoi cela l’incite-t-il à vraiment chercher un travail quand c’est prendre un risque de perdre d’une main ce que l’on gagnera peut-être de l’autre ? Avec l’incertitude réelle que l’emploi trouvé ne soit pas pérenne….
Le citoyen se trouve donc bien réduit au « Moi minimal » évoqué par C. Fleury.
La responsabilité, la prise de risque, la mobilité sont étouffées par la peur du lendemain au profit de la sécurité des aides et de moyens de vivre a minima. Et dans ces conditions toute réforme de ces aides devient bien sûr un risque majeur. De plus les plus démunis sont hors des radars de l’Administration ne sachant pas se faire (re)connaître
Cette situation nuit directement à l’État :
Les moyens administratifs mis en œuvre pour gérer ce maquis d’aides sont considérables et donc fort coûteux tant les collectivités de tous niveaux se stratifient les différentes aides…sans compter les aides spécifiques décidées à la seule initiative des responsables des différents niveaux de notre millefeuille. Ainsi des aides territoriales se cumulent avec des aides décidées au niveau national
Quelle(s) solution(s) pour relever cet immense défi ?
L’instauration de l’impôt à la source offre des opportunités nouvelles qui pourraient aider à le régler : on peut espérer que l’administration fiscale est en mesure de recevoir le détail des aides reçues et donc d’en calculer la somme. Pour autant que les seuils d’attribution et leurs dégressivités soient d’abord harmonisés, il serait alors facile de les cumuler en un impôt négatif mensualisé et donc d’en supprimer le maquis. Cela rendrait les bénéficiaires responsables de leur affectation. Peut-être faut-il le faire progressivement pour « éduquer » les bénéficiaires à la responsabilité en diminuant progressivement les aides sectorielles et augmentant d’autant l’impôt négatif.
Cette évolution permettrait aussi de lisser les effets de seuils plus facilement, ces seuils agissant comme des repoussoirs à la prise de risque d’un emploi pour ceux qui n’en ont pas ou d’un travail à temps plein pour ceux qui ne travaillent qu’à temps partiel…et complètent leurs revenus par des petits boulots.
Cette situation conduit trop de nos concitoyens à douter de la sincérité des bénéficiaires, nourrit les slogans de l’extrême droite et la suspicion que certains savent faire la manche auprès des collectivités. C’est évidemment très néfaste pour la cohésion nationale notamment pour les classes moyennes peu éloignées des seuils sociaux et du salaire minimum mais très importantes électoralement….D’ou les scores du RN et la popularité des gilets jaunes….
Le sens du bien commun et de la responsabilité s’est considérablement altéré au profit d’un égoïsme délétère et d’une jalousie vis à vis de ceux qui ont plus qu’eux.
Toute esprit de responsabilité, toute citoyenneté, toute sincérité passe par un savoir être et un savoir faire. Il est donc capital que les enfants n’acquièrent pas en priorité des contenus mais des aptitudes : s’exprimer, analyser, dialoguer, régler des conflits….Ils n’en apprendront alors que mieux les contenus et leur sens. Vaste programme de long terme pour l’Éducation Nationale des plus jeunes qui redonnerait à notre pays une vitalité aujourd’hui asphyxiée par une vision trop technocratique et hiérarchique de la société. À vouloir « protéger » de trop près les français, l’État les étouffe et devient leur recours en cas de difficulté mais aussi leur bouc émissaire (au sens de R. Girard) dont les Présidents de la République sont le symbole. C’est bien le danger que note C. Fleury pour notre démocratie .
B. Fenoglio, Commission Faits de société, Août 2019
Soirée du 9 octobre
« Une France fracturée », un constat fait par les économistes, les sociologues et les politiques, que les Semaines Sociales de France ont choisi comme thème 2019/2020.
L'Antenne Sociale de Lyon participe à la réflexion en invitant des protagonistes du lien social à partager leur expérience et à témoigner de leurs actions, souvent novatrices, lors d'une courte session qui se tiendra le mercredi 9 octobre 2019, de 18h00 à 22h00, à l'Espace Jean Couty (Lyon 9ème, métro D Gorge de Loup).
En première partie, une sociologue, un politique et un observateur de la situation métropolitaine analyseront les réalités de ces fractures dans le contexte spécifique de l'agglomération lyonnaise.
Une pause permettra de se détendre, de se restaurer un peu, et d’échanger librement.
Le deuxième temps sera organisé autour d’ateliers animés par des acteurs de terrain du lien social : ils permettront d'entendre leurs témoignages et d'échanger de façon constructive. Le public pourra participer à deux de ces ateliers.
L'ensemble de cette session sera suivi et accompagné par un théologien et un sociologue qui, chacun dans leur domaine, porteront le fil rouge entre les premières interventions et le travail en atelier. Comme observateurs, ils produiront un point de vue distancié, et nous ouvriront à de nouveaux engagements humains.
avec
1 : Société Saint-Vincent-de-Paul : Tisser des liens avec des personnes seules ou démunies.
2 : Dr Vincent Rébeillé Borgella : Réduire les inégalités dans l’accès aux soins.
3 : Optique Solidaire : Aller à la rencontre de publics exclus de la correction visuelle.
4 : Singa : Créer des liens entre réfugiés et voisinage du lieu d’accueil.
5: Territoire Zéro Chômeur : Lutter contre le chômage de longue durée.
6 : Gens du Voyages : Permettre à ces populations d’accéder à l’enseignement.
7: Habitat et Humanisme : Permettre à tous d'accéder à un logement décent.
8: Petits frères des pauvres : Créer des liens avec les personnes âgées isolées.
9 : Intergénérationnel : Dépasser les clivages entre générations.
Entrée libre - Libre participation aux frais - Inscription par courriel souhaitée
Renseignements / Contact / Inscription : antennesociale@wanadoo.fr