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23 avril 2019

Transmission et rupture : l’exemple de Mai 68

Parler de transmission, c’est aussi parler des ruptures, rejets individuels ou événements sociaux. Le cas de « Mai 68 » après déjà 50 ans, en est l’illustration.

 

chain-1623322_640Qu’est-ce que ce moment de notre histoire (qualifié parfois de « crise de civilisation »)  a pu changer dans le paysage social, politique, culturel, religieux et dans chacune de nos vies ? Sommes-nous des « enfants » de Mai 68 et faut-il s'en réjouir parce qu'il aurait « ouvert les portes » ou le regretter en dénonçant le développement de l'individualisme ou le rejet des valeurs  traditionnelles? Au-delà de Mai 68, c'est l'idée de rupture dans la transmission que nous essaierons d'interroger.

Un bouleversement personnel

 M. a vécu Mai 68 comme « un grand moment spectaculaire », une « joyeuse révolte, celle d'une jeunesse un peu impertinente, vent debout pour plus de liberté ». Elle en retient notamment « la mise en cause du mandarinat, de ce pouvoir par le savoir », mais aussi « celle de tous les modèles qui faisaient autorité, fondés sur la tradition, un socle de valeurs reconnues et partagées en apparence (…), un accélérateur de la transformation de la société et des mœurs avec la mixité, la pilule, la libération de certains carcans moraux ». Ainsi « la parole s'était libérée ! ». Bien plus, « nous écoutions et entendions d'autres éléments d'analyse » et  « une intelligence nouvelle dans ce grand ménage de printemps ». Ce bouleversement l'a conduite à « intégrer une équipe chrétienne de Vie Nouvelle  et avec cette équipe les GAM (Groupe d'Action municipale) puis un parti politique ».

Une évolution dans l’enseignement

Un échange porte sur la transmission par l'enseignement : celui-ci a t-il été vraiment remis en cause en Mai 68 (« on ne pouvait plus faire cours de la même manière »)? Les avis divergent. Mais comme l'affirme Edgar Morin ( professeur à Nanterre en Mai 68) : « Avec Mai, rien ne change et tout change. L'ordre politique, social, économique est rétabli dès le mois de juin, mais un processus est enclenché qui va bouleverser l'esprit du temps et les sensibilités ». Et de citer « l'émancipation des femmes, l'émergence d'une culture de la différence – celle des homosexuels, ou, sur un tout autre plan, celles des néo-régionalistes-, le goût de l'expérience, individuelle ou communautaire, l'émergence d'une conscience écologique, la mise en question du progrès scientifique. »

Il faut aussi rappeler que la société et l'ordre établi se lézardent bien avant 1968 : mobilisation contre la guerre au Vietnam, contre celle d'Algérie, création du PSU, concile Vatican II, rapprochement de communautés chrétiennes avec les communistes.... Ainsi, selon M. Bellet, « cette contestation qui apparaissait, dans l'Eglise, comme une neuve liberté critique, avec du même coup, la possibilité d'innover, de sortir enfin cette Eglise des échecs et des impasses où l'âge moderne l'avait comme enfoncée » révèle « une équivoque majeure à propos du Concile. Pour certains, ce fut l'aboutissement (…), pour d'autres (…) le Concile était un commencement. Une porte s'était entr'ouverte. Il fallait l'ouvrir toute grande » : d'où la déception qui a pu suivre, renforcée avec la publication en 1968 de l'encyclique Humanae Vitae. Le groupe constate et regrette un certain repli sur soi de l'Eglise aujourd'hui et veut réaffirmer que la transmission ne saurait être celle des règles et des comportements (cf. l'attitude du Christ à l'égard des pharisiens dans les Evangiles) mais bien des valeurs et d'abord pour les croyants l'adhésion à une personne.

La transmission, ouverture au renouveau

N'y aurait-il pas d'ailleurs dans la volonté de transmettre la demande implicite de nous « refaire » à l'identique, de nous « dupliquer » ? Dans son livre Eloge de l’oubli, David Rieff pointe que le devoir de mémoire peut être dangereux s'il nous conduit à nous enfermer dans le passé, quitte à en reproduire les errements. Oublier n'est-ce pas aussi l'appel à recommencer, à l'espérance ?

Dans le Goût de l'Autre, Elena Lasida s'interroge sur le lien de la mort à la vie ; « Si l'on choisit uniquement la continuité, on risque de mourir de rigidité et si l'on choisit uniquement le renouvellement, on risque de mourir par éclatement. Or, pour se renouveler, il faut accepter de mourir à une certaine continuité, et, pour se reproduire, il faut accepter de mourir à un certain renouvellement. »       

 La commission Transmission, janvier 2019

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