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3 novembre 2020

Et oui, l’Union protège nos industries et nos emplois !

Eurocycle

Quel point commun peut-on trouver entre les partisans du Brexit et la Task force de l’Union européenne en charge des négociations ? Quels points communs existent entre une grande entreprise nord-américaine et un exportateur chinois ou japonais ? Qu’est-ce qui motive une entreprise française, polonaise, italienne, allemande, etc. pour développer sa production, investir et recruter ?

Très simple : l’attrait du grand marché européen, y avoir accès, avoir accès à ses 448 millions de consommateurs sur un territoire de 4,2 millions de km².  A titre de comparaison, le marché américain regroupe 382 millions d’habitants sur 9,8 millions de km². Le marché chinois : 1,4 milliards d’habitants sur 9,6 millions de km². L’Union européenne joue dans la cour des grands !

L’enjeu des Brexiters est d’avoir accès à ce grand marché européen le plus facilement possible, sans règles contraignantes. A l’inverse l’équipe de Michel Barnier doit s’assurer de protéger les acquis communautaires de ce grand marché, les normes d’abord, de sécurité alimentaire et de protection du consommateur en particulier, et ses règles de fonctionnement : gestion des litiges (Cour européenne de justice) et surtout respect des règles de concurrence saine, à savoir la surveillance des aides publiques nationales qui peuvent déséquilibrer le jeu de la concurrence au profit d’une entreprise nationale.

Tel est l’enjeu des négociations actuelles ! 

Mais qui sait que l’Union européenne peut aussi protéger, au nom des états-membres, tel ou tel secteur d’une concurrence internationale dommageable, que l’on nomme dumping ? Car l’Union européenne a cette possibilité, renforcée en 2017 : à la fin 2018, ce sont 135 mesures antidumping et antisubventions – 93 concernent la Chine - qui sont en vigueur dans l’U.E. et qui ont permis de protéger 320.000 emplois ! Trois secteurs bénéficient aujourd’hui de niveaux élevés de droit de douane : les fertilisants azotés provenant des États-Unis ou de Russie, les câbles d’acier et … les bicyclettes importées de Chine ! Il y a tout lieu de penser que, sous l’impulsion de Thierry Breton, commissaire européen au grand marché, ces droits anti-dumping seront évidemment appelés à se renforcer, comme en témoignent les discours post crise sanitaire de plus en plus nombreux appelant de leur vœux une plus forte protection du marché européen.

Etudions en détail cette protection de l’industrie européenne du cycle ?

La France garde sur son territoire en effet plus d’une dizaine de producteurs de vélos : MFC, Arcade Cycles, Cycleurope, Decathlon, Easybike, Moustache Bikes… Ses entreprises doivent leur survie à la mise en place en septembre 1993 d’une taxe antidumping de 30,6 % sur les importations de vélos chinois, taxe relevée à 48,5 % en 2013. En 2005, ce sont les exportateurs vietnamiens qui sont taxés (34,5%) et la surveillance du marché mondial des cycles reste permanente au niveau de l’U.E. A l’abri de cette protection, les industriels européens, et surtout français, ont pu développer leur savoir-faire, innover, recruter comme le montre aujourd’hui le développement rapide des vélos électriques en France. Et face à ce boom de l’industrie du « e-bikes », l’Union européenne a décidé le 18 janvier 2020 de pérenniser une série de taxes antidumping sur l’importations de vélos électriques allant de 10 à 70 % (Les Echos) ! Effet immédiat : les importations chinoises de vélos électriques vers l’Europe sont passées d’une moyenne de 100.000 par mois au 1er semestre 2018 à moins de 15.000 par mois au second semestre, note un acteur du secteur (Source : Les Echos, septembre 2020). Et ce sont près de 4500 nouveaux emplois dans ce secteur qui vont être créés !

Aujourd’hui dans le secteur du cycle, à l’abri de cette protection douanière, ce sont 106 000 emplois directs et indirects qui sont pérennisés au sein de 800 PME dans 24 des 28 états de l’Union européenne (Les Echos).

Voilà tout l’enjeu des négociations du Brexit : éviter qu’un vélo chinois importé au Royaume-Uni n’entre sur le marché européen sans acquitter la taxe ! Lorsque l’on prend en compte le fait que la frontière entre la République d’Irlande, dans l’U.E., et l’Irlande du nord, au sein du Royaume-Uni, est ouverte, on comprend rapidement les enjeux des négociations actuelles !

 Laurent Guihéry

Pour aller plus loin : https://www.lesechos.fr/monde/europe/comment-leurope-a-sauve-le-velo-francais-1005782

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