La Laïcité en débat

Dans sa revue Regards pour comprendre de juin 2016, l'Antenne prenait la parole sur ce sujet qui depuis plus d'un siècle fait figure de marronnier du débat national républicain et reste au coeur des heures les plus tendues dans notre pays. Nous republions ici l'extrait le plus significatif de cette Parole d'Antenne.

L’Antenne rejoint la conception d’une laïcité qui permet, dans le respect de la séparation des pouvoirs, l’élaboration d’un vivre ensemble. Avec la distinction des pouvoirs, nous réaffirmons la nécessité du respect de l’esprit de la loi de 1905. Dans ce contexte, les communautés humaines et les communautés politiques n’ont pas à s’instrumentaliser, mais elles ne peuvent s’ignorer.

Le dialogue est une exigence, tant pour l’Etat et les institutions que pour les religions. Il doit s’inscrire dans une démarche de réciprocité. Face aux questions sociétales, il convient de construire ensemble une société sur la base de principes partagés d’éthique et de citoyenneté. Sur ce terrain les religions ont des choses à dire. Il faut savoir les entendre sans se crisper.

S’écouter, entendre l’autre, sont des conditions incontournables de la construction d’un vivre ensemble, construction qui doit aller jusqu’à la loi. Cela passe par la reconnaissance et le respect de l’autre dans toutes ses dimensions : « savoir être soi, en étant à l’aise en allant chez l’autre ».

Nous croyons que les relations sont très importantes et nous pensons les accommodements possibles.

Le dialogue concerne tout autant les religions entre elles, que la démarche interne à chacune d’elle.

Le dialogue interreligieux doit contribuer à une meilleure compréhension et reconnaissance mutuelle, en  permettant d’aborder des questions, telle la fracture sociale (de nombreux immigrés, confrontés aux difficultés, se réfugient pour certains dans une posture religieuse intransigeante car identitaire).

Le dialogue au sein des religions doit favoriser une réflexion sur leur rapport au monde face aux évolutions constantes des sociétés.

Ainsi pourra-t-on parler d’une laïcité de dialogue, ouverte sur deux dimensions : le respect de la loi qui gère l’espace commun à tous, le respect des personnes dans leurs convictions et leurs pratiques. Gageons que dans les situations de conflit, l’effort collectif tendra à apporter des réponses dans le dialogue. Alors  la laïcité sera perçue non pas comme un ensemble d’interdits porteurs d’exclusion, mais comme une posture constructive pour faire société.

Parole d'Antenne, in Regards de juin 2016