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" à vous l'antenne !" ______________ANTENNE SOCIALE de LYON
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7 mai 2022

Lecture pour temps de trouble

CyrulnikBoris CYRULNIK, Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude, Odile Jacob, 2022, 260 p., 22,90€

Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et auteur bien connu de nombreux ouvrages. Condamné à mort à 7 ans parce qu'il était un enfant juif. «  Pourquoi certains deviennent-ils des ''mangeurs de vent'' , qui se conforment au discours ambiant, aux pensées réflexes, parfois jusqu'à l'aveuglement, au meutre , au génocide ? Pourquoi d'autres parviennent-ils à s'en affranchir et à penser par eux-mêmes ? »

A travers son expérience médicale de la petite enfance, ses réflexions sur les violences du XX° siècle, il nous montre aujourd'hui comment on peut penser, agir contre l'emprise de la société et des médias, trouver le chemin de la liberté intérieure, dans l'appartenance. Tout ceci, en se référant à l'histoire des XX° et XXI° siècles, en citant de nombreux auteurs, tels Edgar Morin , Geoges Orwel, Hannah Arendt, etc

L'ouvrage se présente comme une suite de petits textes sur un thème particulier ; par exemple : « Apprendre à voir le monde. Aimer pour penser. Croire au monde qu'on invente. Toute-puissance du conformisme. Epidémies et nuages de croyances. Douter pour évoluer. Attachement et raison. Liberté intérieure », etc. Il est donc difficile d'en faire le résumé. Mais je vous en propose quelques extraits significatifs.

Quelques remarques :

« Méfions-nous des idées claires, elles sont réductrices. »

     « Quand la vérité est seule, elle ne se négocie pas. »

     « Nous sommes tous déterminés par ce que notre entourage nous raconte. »

« Quand on pense comme tout le monde, on évite les conflits » p 257

«  Il faut que l'autre ne soit pas un homme pour qu'on puisse le tuer sans culpabilité » 230

«  Lorsqu'un groupe humain a besoin de héros, c'est qu'il est en difficulté et espère qu'un sauveur viendra le protéger. »

Les chances de l'appartenance

« Le sentiment d'appartenance est nécessaire, délicieux et dangereux. […] Nous avons besoin des autres pour nous donner la force de devenir nous-mêmes. » 74

« L'enfant commence à s'autonomiser parce que dans sa mémoire il a reçu l'empreinte de l'adulte. Pour devenir soi-même, il faut avoir été imprégné par un autre  […] pour penser par soi-même, il faut avoir été avec les autres. » 169

«  L'appartenance est nécessaire au développement du corps et de la pensée d'un enfant. Mais quand elle mène à la dépendance, le sujet n'accède pas à sa liberté intérieure, il continue à adorer celui (celle) qui le conduit à la servitude. »119.

«  La mémoire est intentionelle, chacun va chercher dans le passé les faits réels qui confirment sa manière de voir le monde. » 197

«  Se soumettre à l'autorité. L'interdit est nécessaire pour une bonne socialisation. C'est une structure affective qui nous permet de contrôler nos pulsions. Le simple fait de ne pas tout se permettre donne une place à l'autre et nous aide à vivre ensemble sans violence. Les énoncés auxquels il est moral d'obéir sont différents selon les cultures. «  246

Les risques de l'enfermement

« Qand on se sent voué au malheur, on cheche les causes de cette souffrance et on accuse le bouc émissaire, ce qui aggrave le malheur :'' C'est la faute à Voltaire ... à ma mère ... aux étrangers ... aux mécréants … à l'élite... aux abrutis... » 119

« Désigner un agresseur provoque un étrange bien-être, une bonne opinion de soi, une clarté qui n'a pas besoin de validation. Le courant qui emporte ces idées suffit à donner du bonheur aux mangeurs de vent qui se nourrissent de phrases toutes faites.

Les laboureurs qui ont les pieds sur la terre construisent une réalité différente. Leur savoir laborieux est attaché au réel, comme l'expérience du maquignon qui est le seul à voir que son cheval boite. »89

«  C'est ainsi que s'initient les relations d'emprise : ''Je vais t'imposer ma loi pour que tu sois heureux'', dit le tyran domestique. '' Faites ce que je vous dis, vous sauverez votre âme'', dit le gourou. ''c'est moi ou le chaos'', dit le dictateur. » 134

« Abusive clarté. La pensée radicale est tellement claire qu'elle devient abusive, elle fait voir ce que l'on pense, elle réduit un homme a l'acte monstrueux qu'il a commis. »p 55

« Quand on accepte comme une parole intouchable  la vérité venue d'un chef religieux, idéologique ou scintifique, il n'y a ni évaluation ni culpabilité : l'orde règne. Et quand la réalité devient insupportable on évite les mots qui auraient permis de la voir. »  83

« La certitude mène à la brutalité relationnelle, puisqu'il faut être de mauvaise foi pour ne pas croire ce que je crois, dit le croyant absolu qui ne doute jamais. […] C'est ainsi qu'on peut aimer la servitude qui nous libère de l'angoisse du choix. Le danger de la soumission heureuse, de la pensée tranquillisante de la liberté, c'est qu'on voit un monde de plus en plus clair, puisqu'on n'a plus à hésiter. » 211

La nécessité de réagir

«  Quand les récits ignorent les autres cultures et les autres croyances, ils isolent le croyant et l'enferment dans un délicieux délire. […] Quand on se dit croyant, on admet l'incertitude puiqu'on reconnaît qu'on ne peut que croire et non savoir. Mais quand il n'y a plus de doute et que le récit devient dogmatique, on trouve des justifications morales pour imposer sa vérité. ''Il faut être fou pour ne pas croire ce que je crois'' dit le paranoïaque. » 75

«  Douter pour évoluer. Il faut douter pour explorer. La certitude arrête la pensée et routinise la récitation. Bien sûr, pour passer à l'acte et entrer en relation , il faut avoir un moment de certitude […] Pour s'engager dans la vie, il faut avoir quelques certitudes, mais il faut qu'elles soient évolutives, de façon que nous soyons prêts à changer quand change le contexte. » 204

« Quand la relation évolue, ou quand la structure sociale se modifie, les décisions à prendre ne sont plus les-mêmes. Le doute facilite l'innovation, la nuance n'est pas une mollesse intellectuelle, c'est une souplesse d'esprit, une ouverture sur une autre possibilié, l'exploration d'une autre planète mentale. » 205

En conclusion

«  Nous possédons les outils pour agir sur le réel qui agit sur nous. C'est un degré de liberté,   donc de responsabilité »

 

Résumé par Etienne FAUVET, 27avril 2022

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