J'ai lu ..... Léa et Hugo DOMENACH

Léa et Hugo DOMENACH, les murs blancs, Grasset, 2021, 318 p ,20€. Récit.

Les deux auteurs, frère et sœur, petits enfants de Jean-Marie Domenach, en un formidable travail documentaire, font revivre l’histoire des ‘’Murs blancs’’ :

1. Un lieu.

Une grande propriété située Châtenay-Malabry (région parisienne) dans un immense parc aux arbres majestueux et un jardin potager, entretenus par un jardinier. On y trouve plusieurs bâtiments avec étage, où, successivement, logent les familles de la communauté. Un lieu, largement ouvert à tous, de rencontres, de conférences, de colloques. Un lieu où pendant cinquante ans se sont rencontrés une foule de gens du personnalisme et du christianisme social.

2. Une communauté humaine.

Créée par Emmanuel Mounier dans les années 1930, ni secte, ni communauté religieuse avec règles strictes, mais une sorte de fédération où se rencontrent intellectuels, « savants, militants, artistes et travailleurs pour édifier la base de la cité intégrale et de la vie authentique » (Mounier).

Les chevilles ouvrières des Murs blancs sont des chrétiens de gauche et résistants, que sont Emmanuel Mounier, Paul Fraisse, Henri-Irénée Marrou, Jean Baboulène, Jean-Marie Domenach , puis Paul Ricoeur. 

3. Une revue : ‘’Esprit’’.

Fondée par Emmanuel Mounier,la revue est l’expression d’un combat pour « pousser toutes les forces dans le sens de l’homme » (Mounier) , contre les totalitarismes, la colonisation, les compromissions diverses et variées, ...

Les Murs Blancs sont la cheville ouvrière de la revue, où se croisent une foule impressionnante de caractères que l’on ne peut tous nommer ; entre autres : Paul Tibaud, Lévinas, Illich, Chris Marker, Julliard, Mauriac, Ionesco, Foucault, Touraine … et Emmanuel Macron, pendant un temps secrétaire de Paul Ricoeur.

4. Une histoire.

Retracée en trois parties sur une cinquantaine d’années. La première est l’histoire de la fondation d’Esprit par la première génération des résidents des Murs Blancs. La seconde est celle des enfants, qui tentent ‘’ de singer les adultes’’ , mais aussi celle de l’arrivée de Paul Ricoeur et des résistances, pendant la guerre d’Algérie contre le colonialisme. La troisième partie raconte la montée des tensions au sein la génération des fondateurs jusqu’à ce que les difficultés de la vie et les orientations des uns et des autres laissent lentement la communauté se dissoudre dans l’oubli.

Cet ouvrage est un hommage à tous ceux qui ont aidé à grandir. Il retrace cette histoire exceptionnelle qui continue de porter des fruits.

« Les murs peuvent tomber, les hommes et les femmes peuvent disparaître, mais les idées, les valeurs et les combats, eux, pourront toujours renaître. » p 308

Etienne FAUVET, 7 juillet 2021