Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
" à vous l'antenne !" ______________ANTENNE SOCIALE de LYON
Publicité
Newsletter
" à vous l'antenne !" ______________ANTENNE SOCIALE de LYON
Visiteurs
Depuis la création 25 024
Archives
25 février 2022

Une lecture nécessaire.... en période électorale

Mounk expérience

Voici un ouvrage d'actualité, permettant de mieux comrendre ce qui se passe dans notre démocratie, et de choisir plus lucidement. Une nécessité !.

Yascha MOUNK, La grande EXPERIENCE. Les démocraties à l'épreuve de la diversité,L'Observatoire, janvier 2022, 431 p, 22 € . Traduit de l'anglais (Etats Unis) par Benjamin Peylet.

L'auteur est allemand, politologue et professeur d'université aux Etats Unis. A partir de situations et d'expériences prises en Occident, en Inde ou au Japon, il décrit et analyse la transformation de nos démocraties en sociétés multiethniques , multiculturelles et multireligieuses. C'est la grande expérience politique de notre époque. Mais il n'aborde pas l'analyse des régimes autocratiques de la Chine, de la Russie ou d'autres.

Revenir au passé de sociétés monoethniques et monoculturelles est impossible. Les défis actuels de la diversité de nos sociétés occidentales sont immenses pour notre avenir. Les relever est possible ; cela demande une implication citoyenne de chacun.

Introduction. Les détracteurs. Les pessimistes. les optimistes.

Partie I. Quand les sociétés multiethniques tournent mal.

Partie II. De l'avenir souhaitable des démocraties multiethniques. État. Patriotisme. Diversité. Identité.

Partie III. Comment les démocraties multiethniques pourraient s'épanouir. Raisons d'être optimiste. Démographie n'est pas destin. Des politiques utiles.

Conclusion

En voici quelques extraits

Ignorer que nos démocraties ont désespérément besoin de s'améliorer relèverait de l'optimisme béat, mais nous tenir pour incapables de tirer parti des progrès de ces cinquante dernières années ou condamnés , quoi que nous fassions, à rester à jamais définis par le racisme et l'exclusion, voilà qui relèverait d'un cynisme plus ignorant encore'. p 34

La tendance à former des groupes et à discriminer ceux qui n'y appartiennent pas existe en chacun de nous . 47

En l'absence d'un État fort, l'humain ne risque pas d'entrer dans un état d'anarchie atomisée, celui de la guerre de tous contre tous, mais dans une lutte destructrice entre factions rivales que je propose d'appeler l' « anarchie structurée ». 72.

Les pays où règne l'anarchie structurée sont presque toujours très pauvres. En revanche, de nombreux pays dans lesquels s'exerce la domination sans partage d'un groupe sur les autres donnent accès à une bonne qualité de vie. La présence effective d'un État peut faire la différence entre la vie et la mort, de la faim ou de la maladie. Seulement, pour les membres de la minorité, ces bénéfices sont souvent abstraits et leur coût intolérable. 78

Dans toutes les démocraties multiethniques, la majorité de la population a adopté des attitudes bien plus tolérantes à l'égard des immigrés et des minorités. Ces groupes, de leur coté, n'ont pas tardé à saisir les nouvelles opportunités qui s'ouvraient à eux. Ces dernières années, ils ont fait des progrès rapides sur plusieurs indicateurs clés du succès, dont le revenu et l'éducation. Pourtant ces progrès encourageants n'ont pas été suffisants pour compenser les effets durables des dominations passées. L'écart entre les groupes s'est significativement réduit, mais les groupes dominants conservent un avantage socio-économique important. La conception majoritaire de la citoyenneté est aujourd'hui bien plus inclusive, mais beaucoup d'immigrés et de membres des minorités ethniques se sentent encore traités en intrus. 105.

Malgré les progrès technologiques ahurissants du début du XX° siècle, « il semble que nous vivions à l'âge de la pierre en ce qui concerne les relations humaines. […] Tous les recoins du globe traînent leurs propres fardeaux d'animosité » (Gordon V Alport. USA).112''

Il est essentiel de répondre à quatre questions fondamentales et très controversées :

  1. Quel rôle l’État doit-il jouer dans les démocraties multiethniques ?

  2. Les démocraties multiethniques doivent-elles se débarrasser du patriotisme ou lui ouvrir les bras ?

  3. Jusqu'à quel degré les immigrés et autres membres de communautés minoritaires doivent-ils ''s'intégrer'' dans la société au sens large ?

  4. Quel ensemble de règles informelles pour structurer la vie quotidienne ? 126.

Patriotisme et nationalisme ne sont pas entièrement étrangers l'un à l'autre, ce sont les deux faces, l'une plutôt jolie, l'autre repoussante, de la même pièce. 163.

Quand la plupart des habitants disent qu'ils aiment leurs pays, ils expriment tout simplement leur affection pour les petites choses qui forment le quotidien des nations modernes : leurs champs et leurs villes, leur cuisine et leurs coutumes, leurs bâtiments et leurs codes culturels. 177

Chacun y demeurera libre de rester au sein de son groupe ou de sa communauté, mais beaucoup remarqueront grâce à ce cadre tout ce qu'ils partagent avec leurs compatriotes, qui, à première vue, ne leur ressemblent en rien. 204

Le genre de démocratie multiethnique que nous devrions chercher à construire doit tout à la fois respecter la tranquillité des communautés qui choisissent de vivre en retrait tout en encourageant la majorité des citoyens à s'embarquer dans des vies communes, des destinées sainement et significativement partagées. 205

Une autre manifestation de [la] résistance au changement est la réticence à parler du rôle que jouent les races et autres identités attribuées dans les démocraties multiethniques. Le désir d'une « république aveugle » qui ne distingue pas les couleurs de peau tire sa légitimité d'une intuition morale fondamentale selon laquelle les êtres humains ne sont pas plus ou moins estimables en fonction de leur héritage ethnique, pas plus qu'ils ne sont plus ou moins capables de devenir d'honnêtes citoyens. La volonté de traiter chacun selon ses actes ou ses mérites plutôt que sur la couleur est un idéal tout à fait noble. 215

[Une] description pessimiste du présent va souvent de pair avec une vision défaitiste du futur, dans lequel les démocraties multiethniques échoueront certainement à accomplir le moindre progrès. Et si elles voulaient avoir le moindre espoir de vaincre les horreurs présentes, ce serait au prix de l'abandon radical des principes fondamentaux qui les ont fondées. […] De sérieux problèmes persistent, mais il y a toutes raisons de penser que des améliorations concrètes sont de bon augure . 240

Il est essentiel d'être optimiste. Si l'instinct de se concentrer exclusivement sur ce qui va mal peut sembler vertueux, c'est un bien mauvais guide pour distinguer le vrai et parfois un obstacle au progrès vers un monde meilleur. 274

La meilleure chose à faire pour que les démocraties multiethniques épanouies deviennent une réalité vivante, c'est tout simplement de sortir de votre bulle. De chercher des occasions de bâtir des ponts vers les membres des autres groupes. De forger des groupes d'amis et de connaissances plus divers. De s'engager dans des actions caritatives ou des associations interconfessionnelles. D'inviter vos voisins à prendre le café ou d'organiser une fête de quartier. De passer un peu moins de temps à discuter de l'état des démocraties multiethniques et beaucoup plus à modeler le futur que vous souhaitez. 338

Ce n'est pas pour soulager sa conscience qu'il faut s'efforcer d'être aussi objectif avec ce qui va bien qu'avec ce qui va mal ; il s'agit bien plutôt de se donner le courage indispensable de lutter pour un avenir meilleur et d'indiquer la voie à suivre. 346

 
Bâtir des démocraties diverses qui emporteront les suffrages enthousiastes de la majorité sera difficile. Nous sommes réellement embarqués dans une expérience sans précédent. Elle pourrait tout à fait échouer. Mais pour ceux d'entre nous qui sommes attachés à ces valeurs, afin de mettre toutes les chances de son côté, il faudra trouver le courage de proposer une vision d'un avenir commun qui fera bel et bien envie à la plupart ; un avenir dans lequel la majorité des citoyens pourra se dire fière et optimiste de vivre dans une démocratie multiethnique, et choisira de mettre l'accent sur ce qui nous rapproche plutôt que sur ce qui nous divise.

Allons-y.

Résumé par Etienne FAUVET, 25 février 2022

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité