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25 avril 2019

Le compromis, de la théorie à la pratique

 

Si la recherche du compromis est la seule voie pour trouver des solutions et sortir d’une crise en visant le meilleur pour tous, cela suppose une méthode, un processus partagé, et quelques outils.

Une éthique partagée

arrows-3274962_640Le compromis ne peut être porteur de progrès qu’à condition qu’un enjeu invite les parties à rechercher un accord qui prenne en compte les intérêts de tous. Cette volonté commune doit s’enraciner dans l’importance du vivre ensemble et l’exigence de faire société.

Ceux qui négocient et élaborent un compromis gagneront à avoir une base, un diagnostic partagé, que leur travail contribuera à développer, renforcer tout en transformant l’existant et en prenant en compte les tendances à l’œuvre ou émergentes.

Ceux qui négocient, ne sont pas tout puissants et leur travail, émergence d’un compromis ne sera qu’une étape qui nécessitera évaluation et ajustement chaque fois que nécessaire. Un compromis suggère qu’il n’y a pas de solution définitive, mais conjoncturelle.

Une posture consciente et enseignante

Respectueuse de l’éthique partagée entre des négociateurs conscients de qui parle et au nom de qui.

Respectueuse de la part de vérité dont l’autre est porteur, pour éviter le risque de voir en lui l’adversaire et non le partenaire avec qui on va construire une solution.

Exigeante quant à l’honnêteté intellectuelle : nécessaire au débat, elle exige d’entrer en empathie avec ce qui fonde la vision de l’autre. C’est un enjeu de sincérité, qui exige de travailler sur les causes profondes des désaccords, et de les traiter en s’appuyant sur ce qui est commun à tous.

Cette posture ne doit pas faire obstacle à un effort de « déplacement » propice à l’inventivité de solutions inhabituelles, hors des sentiers battus, peut-être dérangeantes, mais propices au dépassement du défi à relever.

Toujours partir de la réalité, garder l’esprit grand ouvert, et identifier les handicaps, les opportunités, les exigences, les contraintes. Accepter davantage de diversité, dans l’approche des problèmes, dans les priorités que chacun se donne. 

Et en toutes situations nous gagnerons à aborder les enjeux à la lumière d’une quadruple exigence : le Temps est supérieur à l’Espace, l’Unité prévaut sur le conflit, la Réalité est plus importante que l’idée et le Tout est supérieur à la partie (Pape François).

Un processus partagé

Si l’on est dans une situation de crise, il faut travailler à réunir les conditions de l’entrée en dialogue. Passer de l’émotion légitime à la raison. L’information facilite ce passage de l’émotion à la raison, même s’il est difficile de combattre les affects avec des arguments (Spinoza).

Ce processus n’est que très rarement linéaire. Il doit garder toute la souplesse souhaitable pour permettre aux partenaires, chemin faisant, de mettre à profit les informations obtenues.

Il y a ici un enjeu d’acceptabilité par les partenaires, qui permet la progression vers le compromis et l’élaboration du processus partagé. La stratégie va ainsi s’affiner et évoluer avec le temps.

Une méthode

Pour nous la recherche de l’Unité prévaut sur le conflit et l’appel à la responsabilité de chacun se fonde sur la reconnaissance du pouvoir d’agir de tous. Cela exige une méthode qui passe par trois étapes :

  • La rencontre nécessaire, se mettre autour de la table afin de s’écouter, d’entendre le point de vue de l’autre.
  • La reconnaissance de l’autre comme porteur d’un point de vue, d’un « système de justification de ce qui est juste et de ce qui est injuste » (Paul Ricœur[1]) que je ne peux ignorer et éliminer.
  • L’exigence de chercher et trouver ensemble une solution commune ; en ce sens, le compromis est une idée forte et non pas faible. C’est le seul moyen de viser le bien commun écrit Paul Ricœur.

Des appels

Dans notre monde, où il est de bon ton d’être radical, nombreux sont les médias chambres d’écho de cette radicalité. Nous manquons de voix intellectuelles pour porter cette exigence de compromis. Celle-ci passe par des relais sociaux, par la réhabilitation des corps intermédiaires, par l’information et l’éducation, autant d’acteurs et de partenaires potentiels nécessaires pour faire avancer cette cause du compromis.

Commission politique, Antenne sociale, Décembre 2018



[1] « Le problème du compromis est qu'on ne peut pas atteindre le bien commun par une justification unitaire, mais seulement par la mise en intersection de plusieurs ordres de grandeur. Le compromis est donc essentiellement lié à un pluralisme de la justification, c'est-à-dire aux arguments que les gens mettent en avant dans les conflits ».

 

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