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30 octobre 2021

Lecture pour temps du souvenir, avec Delphine HORVILLEUR

Horvilleur Vivre avec nos morts, Grasset, 2021, 225p, 19,50€.

L’auteure est ‘’rabbin du judaïsme en mouvement’’. « Le judaïsme ne connaît aucun clergé, et tout ce qu’un rabbin accomplit peut en principe être réalisé et énoncé par n’importe qui d’autre. Le rabbin n’est qu’une personne dont la communauté reconnaît l’érudition et qu’elle se choisit comme guide, mais en aucune manière, il ou elle n’est un intermédiaire entre Dieu et les hommes. » p 95

Cependant, « être rabbin c’est vivre avec les morts : celle des autres, celle des siens. Mais c’est surtout transmette cette mort en leçon de vie pour ceux qui restent ;  Je me tiens aux côtés de femmes et d’hommes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits. »

Delphine Horvilleur puise, dans les textes de la Bible et de la culture juive, des récits ou des témoignages, ou de petites histoires humoristiques qui permettent de garder ouverte la porte de l’avenir. Ceci en onze petits chapitres qu’on ne peut résumer, mais dont je rapporte quelques citations qui ont accroché mon attention.

« La laïcité française n’oppose pas la foi à l’incroyance […] Elle n’est fondée ni sur la conviction que le ciel est vide ni sur celle qu’il est habité, mais sur la défense d’une terre jamais pleine, la conscience qu’il y reste toujours une place pour une croyance qui n’est pas la nôtre.[…] Elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer. » 28

 

‘’J’ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie’’ Deutéronome. 30.19

« Le propre de l’humanité est de croire qu’elle peut garder la mort à distance (…] se persuader que des rites ou des mots lui confèrent ce pouvoir. […] C’est quand la vie et la mort se tiennent par la main, que l’histoire peut continuer. »

«  Personne ne sait parler de la mort, et c’est peut-être la définition la plus exacte que l’on puisse en donner. Elle échappe aux mots car elle est signe précisément de la fin de la parole. Celle de celui qui part, mais aussi celle de ceux qui lui survivent, et qui, dans leur sidération, feront toujours de la langue un mauvais usage. Car les mots dans le deuil ont cessé de signifier. Ils ne servent souvent qu’à dire combien plus rien n’a de sens. » 113

« Ne jamais raconter la vie par sa fin mais par tout ce qui, en elle, s’est cru ‘’sans fin’’. Savoir dire tout ce qui a été et aurait pu être avant de dire ce qui ne sera plus. » 43

« La grandeur n’est pas dicible et encore moins par celui qui la détient. Il faut être sacrément grand pour être en mesure de se dire tout petit. » 70

« Nous ne sommes pas ‘’que’’ ce qui nous est arrivé. » 87

« Pourvu qu’à nos enterrements, il nous soit permis de ne pas nous résumer à nos morts, et de faire sentir combien dans la vie, nous avons été en vie. » 45 « Votre vie se raconte avant tout par ce que vous avez fait naître » 115

« Chaque génération, parce qu’elle vient après une autre, grandit sur le terreau qui lui permet de faire pousser ce que ceux qui sont partis n’ont pas eu le temps de voir fleurir. » 179

Affrontement de Caïn et Abel. Genèse chap 4. « Au tout début de l’Histoire, un homme tue son frère, et cette violence hurle jusqu’à la fin des temps. Elle réverbère et pousse d’autres CaÏn à se lever pour reproduire ce geste à chaque génération. Il s’agit toujours de se débarrasser d’Abel, d’effacer tout ce qui vient nous rappeler que rien ne dure, qu’il faut faire avec le manque et renoncer à tout ce qu’on acquiert. » 220

« Le Chant de la Paix affirme que tous ceux qui sont partis peuvent s’adresser à ceux qui vivent encore, et leur dire : N’essayez pas de nous réveiller ; faites plutôt venir la paix, et vivez. » 195

Au fil des pages, les très nombreuses histoires vécues et racontées sont une ode apaisante à la vie.

Etienne FAUVET, novembre 2021

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