Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
" à vous l'antenne !" ______________ANTENNE SOCIALE de LYON
Publicité
Newsletter
" à vous l'antenne !" ______________ANTENNE SOCIALE de LYON
Visiteurs
Depuis la création 25 025
Archives
10 juin 2023

Lecture pour temps de... deuil

 

PedottiChristine PEDOTTI

L'inconsolée

Albin Michel , 2023, 153, 15,90€

Bien connue des milieux chrétiens de l'édition et du journalisme, Christine Pedotti évoque trois années de sa vie, après le séisme de la mort brutale de Jacques, son mari.

 «  A Claude, dans la communion des âmes »

« Demeurer inconsolée ne signifie pas que je reste en larmes, tout au contraire, je reste en vie au sens où je reste vive, aiguisée, pleine d'appétit et de curiosité pour ce qui vient, sans rien vouloir effacer ou atténuer de ce qui a été, ni le bonheur de l'amour ni l'épreuve de la perte. » p143

Sommaire :

Claude est mort

Les grandes eaux

La marée noire

Cachez ce deuil

Des arbres, des enfants et des anges

Gaby le rouge gorge et la mémoire de Dieu

Les couloirs du temps

Culpabilité, la grande épreuve

La boîte noire

Les souvenirs et la mémoire

Guérie, consolée, réparée ?

Et pour l'épilogue, revenir à la conversation.

*

En voici quelques brefs extraits

«  L'histoire que je voudrais essayer de raconter est simplement celle de la réconciliation qu'il a fallu que j'opère entre la fidélité à l'amour et le désir de vivre. » p 14

«  Je ne sais rien de la mort, en revanche j'en connais les effets. Celui que j'aime n'est plus là. Je connais l'absence irrémédiable , irrévocable. Je connais la douleur, la déchirure, le chagrin, la révolte, la peur. Chaque objet, chaque instant, chaque pensée hurlent ces mots : ''plus jamais''. »33

«  Rien ne sera plus comme avant, quelque chose a été changé de façon radicale. Que sera le monde d'après, pire ou meilleur ? Peu importe, ce sera notre monde, celui du réel, celui que le sort nous a assigné parce que nous sommes nés et vivons ici et maintenant. Et ce réel, nous devons le rendre habitable comme moi-même je dois rendre ma vie nouvelle vivable et habitable. Et qui sait, peut être serons-nous heureux... » 51

«  C'est ton âme qui a désiré la mienne, et moi, je me suis laissée reconnaître et aimer. Si ce que je crois est vrai, alors tu ne me quitteras jamais. Il va falloir quand même que je vive la vie du corps , du cœur, de l'esprit sans toi. Mais mon âme est avec toi comme la tienne est avec moi. »63

«  Si Dieu n'est pas soumis au temps, alors avec lui le passé et le futur sont de toujours à toujours du présent, et en Dieu nous sommes déjà ce que nous serons. Dès lors la brisure de la mort est comme effacée par ce présent divin. La communion des saints est une belle vision, une belle méditation aussi. Je la tempère cependant. » 87

«  Cette part de moi que je ne contôle pas me trouble, m'inquiète, me juge. Et une autre part que je ne contrôle pas davantage souffre, pleure. Je suis un grand champ de bataille. Mon âme est toute malade, elle a le cœur au bord des lèvres et les larmes au bord des yeux. Je me regarde, désolée par le spectacle du désordre. » 107

«  Je commençais à comprendre qu'il y avait un autre corps que celui de la biologie rendu à la terre, un corps plus immatériel mais bien réel, celui qui s'était ''séparé de son père et de sa mère pour s'attacher à sa femme'' [Genèse NDLR]. Il me restait à comprendre ce qu'était cet autre corps .» 120

«  C'est de Claude mort que je me sépare afin de garder Claude vivant, Claude de la mémoire, Claude qui m'habite, qui me parcourt, dont la pensée coule dans ma pensée, dont les mots viennent dans ma bouche.

La chrétienne que je suis toujours ne peut s'empécher d'y lire une une forme de communion. La liturgie chrétienne de l'eucharistie fait mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus et les participants sont invités à communier en mangeant le pain et en buvant le vin qui ont été consacrés lors de l'action liturgique. Dans cet acte de communion, ils s'unissent au Christ, et les uns aux autres. »  «  Quelque chose de Claude s'est incorporé à moi. » 136

«  là où les bibles classiques disent ''Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice'', Chouraqui [ commentaire sur les Béatitudes. NDLR ] propose ''En marche, les affamés et assoiffés de justice'' ; et le ''Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés'' devient '' En marche les endeuillés, ils seront réconfortés''. […] Réconforter quelqu'un a une dimension plus concrète : pour celui ou celle qu'on réconforte, on allume du feu, on pose un lainage sur ses genoux, on lui offre un verre, une assiette pour lui permettre de reprendre des forces... afin qu'il se remette en marche. Y a-t-il un rapport entre être en marche et être heureux ? Il me semble que oui.

Oui, le terme me semble juste : je (me) suis remise en marche et heureuse. » 145

« Ma vie n'a pas cessé, même plongée dans le marasme du deuil. Ce n'est pas moi qui suis morte. Il n'y a donc rien à reprendre mais mais tout à continuer, même si rien n'est comme avant, ni la vie, ni moi-même. Je suis devenue, comme le dit joliment Verlaine '' ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre''. »146

« Etre réparée, c'est évidemment vivre avec les traces de mes blessures. C'est comme accepter de vieillir et d'en porter les traces physiques. Nos sociétés, de ce point de vue, sont cruelles et à mon avis folles, qui nous font percevoir le vieillissement comme une défaite. A défaut de rester éternellement jeunes, il nous faudrait du moins avoir l'élégance de conserver l'air jeune, afin peut être de ne pas troubler le monde avec la perspective de la vieillesse, et in fine de la mort. […]

Le soleil sans ombre, c'est le désert, la désolation , autant que le serait une nuit sans matin. J'espère que mes rides racontent et raconteront une vie belle et pleine. » 147

«  J'ignore où, avec qui, comment la vie me conduira. Je suis prête à porter cette solitude si légère et amicalement accompagnée qui est la mienne aujourd'hui. Mais je sais aussi ce qui me manque et je sais qu'habite en moi dans ce manque le désir de l'autre. » 150

 

Lu par Etienne FAUVET, 4 mai 2023

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité