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5 décembre 2022

lecture … pour temps de renouveau

2020-03-lafont-le-catholicisme-autrementGhislain LAFONT, le Catholicisme autement ?, Cerf, 2020, 186 p, 16€.

« Moine bénédictin à l'abbaye de la Pierre-qui-Vire, théologien, le frère Ghislain Lafont est l'auteur d'ouvrages fondamentaux dont Imaginer l'Eglise catholique, L'Eglise en état de réforme , Eucharistie, le repas et la parole, Que nous est-il permis d'espérer, et Petit essai sur le temps du pape François »

Comment opérer la « révolution systémique » que beaucoup attendent pour que l'Eglise soit aujourd'hui à la hauteur de l'Evangile ? […] Ce faisant, rejoindre les intuitions essentielles de Vatican II, que le pape François reprend avec la force prophétique dont témoigne le récent Synode pour l'Amazonie, puissante esquisse de « l'Eglise autrement ».

Une réflexion sans concession. Un guide de résistance et de libération.  Comme l'affirme la Quatrième de couverture.

 L'ouvrage comporte trois chapitres , une conclusion et quatre petites annexes sur le Synode Amazonie et sur Vatican II.

  1. L'amour désarmé

  2. Le sacrifice expiatoire

  3. la pratique de l'Eglise

************* Comme de coutume, quelques citations qui donnent l'envie d'aller plus avant.*************

>> Histoire sainte au Paradis

«  On peut penser que dans l'histoire complexe des origines de l'homme, sujette à des variations portant sur des dizaines de milliers d'années, […] l'homme – celui que nous sommes encore – est apparu lorsqu'il a eu la capacité de penser le geste d'un sacrifice symbolique. […] Concrètement, on peut poser qu'à un moment donné de l'histoire de la sexualité animale, dont les formes ont pu évoluer vers toujours plus d'expression, deux anthropoïdes, mâle et femelle, ont soudain pu se dire quelque chose comme « je t'aime », renonçant à une autonomie qui ne reconnaîtrait pas l'autre : ils se sont alors constitués comme sujets l'un en face de l'autre. Est-ce que l'auteur de la Genèse n'a pas voulu dire quelque chose de cela, quand l'homme n'entend pour la première fois son nom (isch) que lorsqu'il prononce celui de la femme (ischah) ou que , plus tard , il la reconnaît comme « mère des vivants » (Eve) ? Rien n'empêche de penser non plus que le Dieu vivant s'est manifesté à l'homme et à la femme lui aussi par une parole qui les invitait, moyennant leur écoute et leur consentement, à devenir des personnes en face de Lui. » p 26-27

« Si Dieu décide de créer, c'est pour donner participation à cet amour circulaire [trinitaire NDLR]. Le temps sera la dimension dans laquelle s'établit cet admirable échange : il est là pour donner à la créature la possibilité d'y entrer, en écoutant la parole que Dieu lui adresse et en consentant au déplacement que toute parole provoque afin de reconnaître celui qui parle » 58

>> Eucharistie

Le sacrement de l'Eucharistie ne semble pas premier dans l'économie concrète de la foi. Ce dont il s'agit pour l'humanité, c'est de rendre à Dieu un sacrifice spirituel qui consiste tout entier dans la pratique de la charité envers Dieu, envers soi-même et envers le prochain. Sacrifice, dans la mesure où cela se réalise dans le mouvement de donner, de demander, de recevoir, qui est le rythme même de l'amour et qui implique un bienheureux renoncement. »105

«  Si Jésus a institué quelque chose autour du repas [eucharistique NDLR], il semblerait que ce ne soit pas la Hiérarchie, mais l'Eglise. La distinction dans la communauté entre fidèles et responsables se fera après, tout naturellement et rapidement par la vie elle-même ; la distinction entre évêques, prêtres, et diacres se fera aussi dès que la vie l'exigera. » 129

«  En fait, je pense que la fondation de l'Eglise par Jésus s'est faite tout au long de sa vie : c'est ce que dit la constitution Dei verbum n° 4 : «  [...] par toute sa présence et par la manifestation qu'il fait de lui-même par paroles et œuvres, signes et miracles et plus particulièrement par sa mort et sa résurrection glorieuse d'entre les morts, par l'envoi enfin de l'Esprit de vérité. » C'est l'Evangile que les apôtres ont transmis aux communautés (DV n° 7) . » 130

>> Célibat

Le service de gouvernance d'une Eglise n'est pas un ''état de vie''. Personnellement, je souhaiterais que le clergé d'une Eglise soit mixte : qu'on ne confonde plus le ministère sacerdotal et l'état de vie personnel. Un prêtre devrait pouvoir être laïc, c'est à dire marié ou du moins n'avoir pas pris d'engagement au célibat ou, dans le cas contraire, religieux. Inversement, je crois qu'il n'y a aucune exigence de principe à ce que le religieux soit prêtre. »   135.

«  Il est permis de penser que son institution [le célibat ecclésiastique NDLR] est en partie liée à la crainte devant la sexualité qui caractérise l'Occident au moins depuis Saint Augustin. Cette crainte d'ailleurs est bonne, mais le célibat n'est pas la solution pour l'éliminer. » 135.

« Au fond, la question est de savoir qu'elle idée on se fait du prêtre ; est-il un personnage sacré, hiérarchique, jouissant de pouvoirs exceptionnels, étant d'une autre essence que le reste des chrétiens ? Ou bien est-il, à l'intérieur de l'Eglise, le serviteur modeste et décidé d'un charisme reconnu et ordonné, qui continue dans le peuple de Dieu la direction de la mission instaurée par Jésus et instituée par l'Esprit. ? » 139

«  Si le ''sacerdoce'' est un charisme reconnu et ordonné, qui peut décider que les femmes ne peuvent l'avoir ? Est-ce que, dans l'Eglise catholique, il faut considérer que Jésus lui-même a exclu les femmes de ce charisme ? Ni les hommes ni les femmes sont prêtres au sens sacrificiel de l'Ancien Testament. Jésus lui-même ne l'était pas, la Lettre aux Hébreux le rappelle clairement. Jésus est le seul prêtre de son sacrifice unique. L'Eglise, qui est son corps, entre dans ce sacrifice. Des chrétiens sont appelés, dans ce corps, à servir ce sacrifice spirituel. Un seul Seigneur, un seul Mystère pascal. Un seul Esprit. Il n'y a pas lieu, je crois, à discrimination . » 149

>> Résumé de la démarche

« Amour serait le nom premier de Dieu et fournirait la catégorie essentielle pour l'interprétation de l'aventure humaine.

[…] En son essence, l'histoire est le développement d'un échange de parole entre Dieu et les hommes. Elle est le jeu de ce qu'on peut appeler un ''sacrifice spirituel'', c'est à dire le renoncement heureux à un désir seulement humain, qui permet de reconnaître Dieu et s'unir à Lui, de reconnaître les hommes et de faire communauté avec eux. » 152

>> Cléricalisme

« Le modèle du pouvoir, sacré et hiérarchique, continue trop de servir de référence alors qu'il ne correspond plus à l'expérience humaine des chrétiens. On est dans un ensemble qui ne fonctionne plus très bien.

[…] Mais il y a des irréductibles de la loi qui ne peuvent voir la pertinence du changement envisagé. Il y a ''pharisaïsme'', aujourd'hui comme hier, lorsque le cœur et l'intelligence non pas divergent, mais s'endurcissent et s'accrochent non pas à Jésus-Christ mais à la Loi. En pensant nommément à certains adversaires du pape François, je me demandais ce que ces personnes auraient fait si elles avaient été membres du Sanhédrin en face de l'accusé Jésus. Je le demande aussi pour moi-même, car qui peut se vanter de n'être pas ''clérical'' ici ou là ? Je pense en tous les cas que, si on veut éradiquer le plus possible les abus – sexuels ou autres – dans l'Eglise, il faut entrer avec décision dans une pratique et une théologie globale du service pasroral dans l'Eglise, qui relèvent d'autres critères que ceux retenus jusqu'ici. » 171-72

 

Lu par Etienne FAUVET, 30 novembre 2022

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